Dérives thérapeutiques sur internet
Sur internet et les réseaux sociaux, nous pouvons constater de façon régulière la mise en avant par des influenceurs de pratiques médicales (ex. injections d'acide hyaluronique ou de botox en live) ou chirurgicales (ex.bichectomie) ou de prise de médicaments (ex.traitement anti diabétique) dans un but non médical.
Ces pratiques promotionnelles, bien souvent réalisées de façon lucrative à l'insu des internautes, posent problème en terme de santé publique et de santé individuelle.
1. L'état des lieux
Les difficultés viennent du fait :
- Des conflits d'intérets existants autour de la promotion directe ou indirecte des pratiques prônées.
- Du détournement de leurs usages des médicaments et dispositifs médicaux entraînant tensions d’approvisionnement et rupture de stocks.
- De l'utilisation des produits et des dispositifs médicaux qui sont vendus sur internet sans contrôle de leur origine ou de leur composition et donc de leur qualité et inocuité.
- De l'utilisation des médicaments et dispositifs médicaux pour un usage non autorisé (= mésusage) sans encadrement médical ce qui peut avoir des conséquences néfastes à court, moyen ou long terme. Un mésusage à visée esthétique s'est produit avec le Médiator il y a quelques années et cela perdure avec d'autres thérapeutiques....
- De l'incitation à réaliser des actes medicaux sans en avoir la compétence et sans informer des conséquences, des effets secondaires et des risques ayant recours à ces pratiques. Il faut rappeler à cette occasion que les professionnels de santé n'ont pas le droit de faire de publicité ni pour des actes médicaux et chirurgicaux ni pour l'usage de dispositifs médicaux et de médicaments.
- De recommandations de traitements ou de soins faites par des influenceurs non qualifiés entrainant l'arrêt ou l'absence de traitements conventionnels causant des pertes de chances de guérison voire des décès. Pour information, préconiser traitement et prise en charge d'un problème de santé sans en avoir la compétence est constitutif d'un exercice illégal de la médecine.
2. Les solutions proposées.
L'ARPP est consciente de ce problème et des conséquences sur la population. Aussi, elle a mis en place
- dès 2017 recommandation "Communication Publicitaire Digitale" demandant à informer les internautes des partenariats rémunérés et sponsorisés;
- une certification assortie d'une formation de "l'influence responsable" ;
- une intelligence artificielle, INVENIO, capable de détecter les " suspicions de manquements à des règles applicables à la publicité digitale". Son lancement s'est concentré sur deux sujets dont les allégations thérapeutiques trompeuses.
Cependant, à ce jour, de nombreuses personnes ne se considèrent pas liées à l'ARPP et continuent d'avoir des pratiques délétères.
Fort de ce constat, une proposition de loi transpartisane est en cours d'étude devant le Parlement afin d'encadrer la qualité d'"influenceur" et de faire passer dans le droit positif le principe d'une certification et la recommandation de l'ARPP, notamment.
Cet encadrement aura pour conséquence non seulement de protéger la population contre les dérives et les propos mensongers mais aussi de réhabiliter la parole et la compétence des professionnels de santé.
Affaire à suivre...